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je saignais de rage contenue… et c’est toi, toi-même qui viens m’ouvrir les barreaux de la cage à l’heure où tout allait s’écrouler !… à l’heure où je croyais étouffer !… C’est trop de joie. Ah ! bon Dieu ! On va voir ! Renée, la foudre est tombée sur nous ! D’un coup de cœur, nous nous redressons ensemble ! Au devoir !…

RENÉE.

Au devoir !

DARTÈS.

Tu as raison… je vais parler… J’appellerai comme la cloche. Tu connais sa devise : « J’appelle les vivants et je brise la foudre !… » Oui, j’appellerai de toutes mes forces… mais par le tocsin, par la guerre, par la révolte !… Je sonnerai pour la bonté, pour la fraternité douloureuse des créatures… Dis, Renée, voilà ce qui va germer de notre blessure, de notre déception… Ce ne sera pas beau, dis ?

RENÉE.

Ah ! père, si ce sera beau !… De toute cette douleur faire de la beauté, de la bonté !… Quelle réponse et quel exemple !

DARTÈS.

Ta main, mon petit… ta main loyale et forte ! Maintenant il me semble que je soulèverais le monde !…