Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toi, il faut les contraindre au silence !… La France a failli mourir de ces gens-là !… Ah ! l’admirable France de maintenant !… Il lui reste encore à secouer bien des poux de sa crinière !… Eh bien ! à son service jusqu’au bout !… Ce matin, en lisant ton article contre moi, un mot méprisant de Bossuet me remontait aux lèvres : « Arrière les démons qui tentent d’étonner ma foi ! »

DARTÈS.

Phraseur !

GIBERT.

Non ! Vengeur !… J’irai jusqu’au bout de l’exécution. Qu’es-tu venu faire, malheureux, dans cette bande !… Jadis tu m’aurais inspiré de la pitié… Aujourd’hui le sentiment que tu m’inspires, c’est celui du châtiment nécessaire, parce qu’il faut châtier tous les drôles qui gênent la marche de la nation !…

DARTÈS.

Connue, ton exaltation patriotique !… Tu ne la puises pas dans l’alcool et les demi-setiers comme d’autres pamphlétaires !… Mais le geste de tes bras croisés dans la réunion publique… je sais ce qu’il cache sous le plastronnage de ta carrure… Il cache la seringue de Pravaz que tu te piques dans les biceps !

GIBERT.

Assez !… Entends-tu, assez !… Ou nous allons nous empoigner autrement qu’en paroles, je t’en réponds !… Chevaucheur de nuées qui n’as rien vu… incapable même de diriger ta propre vie, et qui rêves de diriger une opinion… Toi ! toi !… C’est à pouffer. Ah ! tu as bien la tête d’un prophète des temps nouveaux, d’un voyant extralucide, toi qui as été trompé pendant dix ans par