Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

politique et des tribunaux ! C’est toi l’intègre ? Eh bien ! continue !… Mais un fichu benêt, en tout cas, qui t’es compromis comme à plaisir, par vanité naïve, et qui vas choir demain dans la complicité louche. Ah ! tu as voulu jouer un rôle, pauvre girouette !… Va donc ! je te connais… Tu n’as pas la taille de l’emploi !… Il reste en toi du pauvre secrétaire marseillais qui t’es traîné vingt ans à la remorque d’un homme politique !… Jobard, entends-tu… jobard, quand tu t’es laissé empaumer par les mauvais meneurs qui vont te conduire à la ruine… Jobard, qui as laissé dans leurs mains la preuve que tu allais toucher de la galette empoisonnée…

DARTÈS.

J’étais sûr que tu en arriverais à cette stupidité-là !… Oui, j’ai reçu des propositions pour la création d’un nouveau journal, c’est vrai, mais je les ai déclinées, ne trouvant pas la garantie morale des actionnaires suffisante…

GIBERT.

Trop tard, mon vieux ! Je ferai paraître, dans les Cahiers bleus, lundi, une lettre de toi où tu discutes jusqu’au tarif de tes futurs émoluments. Je regrette de ne pas diriger un quotidien, car, alors, ce ne serait pas lundi, mais demain, que tu serais exécuté. J’expliquerai par quelle bonté, sachant ce que je savais de toi, je t’avais épargné jusqu’ici.

DARTÈS.

Ne te gêne pas !… Venge-toi, en travestissant mes intentions les plus honnêtes, les plus loyales !… Tu sais bien que j’ignorais qu’il y eût de l’argent suspect !…

GIBERT.

Inscrivez, greffier.