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MONSIEUR DES MARAIS.

Oui, vous ! vous avez l’air perspicace… Pour mon pauvre fils, je sens que vous auriez deviné.

GINETTE.

Moi ! oh ! j’ai la plus grande confiance. Elle ne repose sur rien, naturellement, que sur des intuitions, mais je serais bien étonnée si l’avenir la démentait. J’ai la foi.

MADAME DE SAINT-ARROMAN.

Vous ne croyez pas que notre pauvre Cécile ferait bien de reprendre un peu ses occupations à l’hôpital comme vous ?

GINETTE.

Mais je compte bien que d’ici peu elle va reprendre son service. En ce moment-ci d’ailleurs nous n’avons pas de grands blessés et l’on peut s’absenter l’après-midi ; il n’y a qu’une dizaine de lits ; seulement il faut nous attendre dans un mois, avec la grande attaque de Champagne, à une recrudescence d’occupation. D’ici là il est tout à fait salutaire que Cécile se soit reposée. Elle avait beaucoup travaillé depuis un an et demi, songez !

MONSIEUR DES MARAIS.

Le travail !… Oui… il faut travailler avant… parce qu’après… on ne peut plus…

GINETTE, (sèchement.)

Cela dépend des âges et du courage qu’on a, Monsieur.

MONSIEUR DES MARAIS.

Quand bien même…

GINETTE, (impatientée.)

Vous ne faites rien dans la vie ?