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lâmes à ces essais de synthèse décorative que devaient plus tard réaliser complètement les Russes et les Allemands.

L’échec de cette féerie au théâtre de l’Œuvre fut si complet, l’accueil de la presse si méprisant et si agressif que je me fis le serment de ne jamais retoucher au théâtre. Désormais je fuirais ce monde spécial et je consacrerais ma vie exclusivement à la peinture. Ainsi fis-je, reléguant joyeusement la Lépreuse, la Chambre Blanche au fond d’un tiroir. Il fallut l’année suivante, toute l’insistance de Marcel Schwob qui avait bien voulu estimer au delà de leur valeur ces modestes pages et qui avait porté lui-même la Chambre Blanche à l’éditeur, pour me décider à donner la Lépreuse en représentation. Ce fut à l’occasion suivante : Jules Lemaître, sur l’initiative de Schwob, me demanda de laisser représenter la pièce au bénéfice de l’actrice Louise France qui pourrait disait-il trouver un rôle à sa taille dans celui de la vieille Tili. Par indolence, plus que par désir, je ne m’y opposai pas. Dans des décors vagues et avec des costumes de fortune, la Lépreuse fut représentée un après-midi sur la scène de la Comédie Parisienne (aujourd’hui l’Athénée). À ma grande surprise une partie de la jeunesse littéraire et de la critique qui avait été conviée fit un accueil enthou-