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On se souvient du chaleureux accueil que le public fit à l’une et à l’autre de ces pièces. Et s’il est vrai qu’une somme de vérité et de justice éparpillée finit tant bien que mal par se répartir sur une foule, l’auteur serait mal fondé de se plaindre. Le public a d’ailleurs une intelligence toute féminine d’intuition et d’instinct qui est d’un merveilleux intérêt pour l’écrivain. Néanmoins, pourquoi se dissimuler que même dans l’éloge — et l’éloge fut au moins une fois unanime, — à part pour les quelques esprits coutumiers d’analyse, l’une et l’autre de ces pièces demeurèrent bien incomplètement comprises ? Qu’importe ! Et n’est-ce pas avoir déjà un peu réalisé ce que nous disions tout à l’heure, que de forcer tout de même l’éloge d’une œuvre dont le sens est resté imprécis ou caché ? La faute n’en est d’ailleurs ni à l’auteur, ni à l’auditeur ; on s’en convaincrait aisément à la lecture de ces petites choses dont la complexité n’est vraiment pas extrême, et dont l’intention artistique eût dû être aisée. Mais le public de théâtre est extraordinairement simpliste. Outre qu’il accède mal aux idées générales, il s’est habitué pour longtemps à une certaine formule théâtrale. Et la faute en revient toute à cette formule, en dehors de laquelle il est devenu difficile d’acclimater sa pensée. On exige (et notez que le théâtre scandinave n’a pas peu contribué à cet esclavage). l’idée fondamentale, une seule, une par une : toute déviation de cette idée est faite pour nous