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presque plus réelles ; le désir de la mort, repos complet au paradis, et en attendant la maison blanche d’une léproserie se faisant voir comme un asile presque acceptable entre la vie et la mort, puisque c’est une maison d’immobilité et de non espérance…, tout cela, ni tout à fait pensée, ni tout à fait songe, produit dans une forme qui n’est ni tout à fait prose, ni tout à fait vers, ni tout à fait discours, ni tout à fait chanson, mousselines de vagues tristesses et de vague douceur… »


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Ces deux tragédies, la Lépreuse et Ton Sang sont, quant à leur sujet intrinsèque, étroitement liées. Une double action, physique et intellectuelle, s’y poursuit — physique et intellectuelle pour les deux faces de l’idée qu’elles incarnent. C’est sur deux contes aux grandes lignes hâtivement significatives et à images banalement populaires, que se greffe l’humanité du drame, qui seule importe. Humanité, c’est-à-dire l’ensemble de ces éléments théâtraux dont la séparation nous paraît impossible, idées, faits et sentiments. Ils forment une unité indestructible.

Étroitement unis quant à lidée, ces drames le sont aussi par d’autres liens plus secrets. En effet, il n’y a pas qu’une antithèse élémentaire de la Lépreuse en Ton Sang. Elle se poursuit en la totalité de l’ouvrage. On retrouvera dans Ton Sang les mêmes forces natu-