Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusqu’à la mort !… Voilà ce que tu m’offrais, ce que tu allais m’apporter : ta pitié lamenlable… Comme tu as dû souffrir de dégoût !…

MARTHE.

Tais-toi, mon enfant… Ce n’est pas vrai !… tu blasphèmes !…

DANIEL, répétant inlassablement.

Ta pitié !… M’as-tu assez abreuvé de la potion cuillerée par cuillerée !… Dis, est-ce qu’il t’embrassait sur les yeux, comme moi ?

MARTHE.

Oh ! taisez-vous… Mon âme n’a jamais cessé d’être à vous ! Je n’ai pas menti… je ne me suis pas abaissée à la pitié !…

DANIEL.

Je voudrais cracher sur toutes les places que j’ai embrassées, menteuse !…

MARTHE.

Et je donnerais ma vie pour vous !…

DANIEL.

Oui, oui, rappelle-le moi ! Comme c’est habilement dit ! Je te dois tout, je le sais bien, tout !… Il n’y a pas besoin de récapituler, parbleu, tout… ma santé, mon bonheur, mon sang tout entier !