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dormit d’un profond sommeil. Le lever matinal, la fatigue du voyage, et ce grand air auquel il n’était pas habitué avaient, tout en donnant un regain de vie à sa frêle nature, rempli ses membres d’une extrême lassitude.

Petit Pierre, les yeux grands ouverts dans les ténèbres de la chambre, écoutait depuis longtemps le souffle paisible de son cousin, sans pouvoir dormir.

Il revoyait, comme dans un mirage, le trajet à la gare, l’arrivée du train : il entendait surtout la voix enthousiaste de Freddy lui décrivant sa belle voiture rouge, les patins à roulettes et les chevaux dorés sur lesquels il fallait se tenir ferme pour ne pas tomber. Tel un conte de fées, sa jeune imagination lui faisait entrevoir un pays merveilleux où les rues étaient de glace, les voitures brillantes glissaient dessus comme des traîneaux, enfin des chevaux, des chiens tout harnachés d’or et de velours, pendant qu’au loin une musique