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à vrai dire, que celle qui sortait de la pipe de son père, fumeur obstiné.

Oh ! non, repartit Freddy, ça salit tout le linge de maman ; des fois, elle est obligée de l’ôter de sur la corde, pour ne pas le recommencer. Pendant ce temps-là, Pierre avait jeté une pluie de grappes de cerises rouges sur Freddy qui les prenait les unes après les autres et en faisait un bouquet avec un air d’envie.

Manges-en donc ! dit Pierre.

— Ah ! pas le soir ! je serais bien trop malade !

Pourquoi ! fit Pierre, étonné.

— Mais, ça ne digère pas le soir, tu sais bien !

— Quoi c’est ? digérer ? je ne connais pas ça !

— Mais tu sais bien que ça veut dire avoir mal au cœur, puis au ventre !

Je n’ai jamais mal là, moi, dit Pierre. Tiens, regarde, et il mit entre ses lèvres toute une grappe de cerises ; tirant sur la queue, il la retira complètement dépouillée, puis il avala cerises et noyaux avec un petit air joyeux.

Freddy n’en croyait pas ses yeux. Pierre mangeait tout ce qu’il voulait et n’était jamais malade ! Lui qui, un soir sur trois, était obligé de boire des pleines