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honnêteté. Puis il y a les grands et les petits théâtres, les fameux cinémas ! L’endroit le plus dangereux, d’après moi, pour les jeunes gens avides de distractions et de plaisir.

Vous voyez, ma chère maman, des jeunes garçons et des jeunes filles qui toute la journée ont travaillé sans arrêt, dans l’air vicié de l’usine. Au lieu de se reposer dans un endroit sain, bien aéré, et de refaire les forces pour le lendemain, ils vont se cabaner dans des théâtres étroits et sombres, remplis pour ne pas dire « bouchés », où ils espèrent goûter les plaisirs que la pauvreté refuse à leur corps.

On représente sur la toile tant de scènes comiques qui font se tordre l’auditoire ! Et des drames palpitants où le vice s’auréole de tant de passion et de douleur, que les pauvres jeunes gens n’y voient que « vertu » et pleurent de grosses larmes devant le malheur mérité de personnes indignes. Et sans qu’ils s’en doutent, leur propre moral se relâche ; et la plupart des filles perdues et des garçons malhonnêtes ont appris leur faute dans ces cinémas.