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En bas, dans la grande salle, le couvert était déjà mis. On avait allongé avec des panneaux la table de famille, puis on y avait étendu une nappe de lin d’une blancheur éclatante, fleurant bon le trèfle et le foin d’odeur. Devant chaque assiette de faïence à gros dessins bleus, Mélanie avait rangé ses beaux verres à large bord dorés, un cadeau de noce. Au milieu de la table, parmi les gâteaux crémeux et les jarres de confiture, un énorme bouquet de fleurs champêtres mettait une note réjouissante à l’aspect un peu sévère de la grande salle au plafond bas. À droite, faisant face au poêle, la porte grande ouverte laissait voir le jardin aux plates-bandes fleuries avec des touffes hautes et souples d’asperges, des pommes, des pruniers et des cerisiers chargés de fruits savoureux.

Par deux fenêtres, sur le côté de la pièce où se dressait la table, on apercevait, plus haut que la cour, l’érablière toute parsemée de grosses roches grises !

Bâtie sur un tertre, la vieille demeure avait vue de tous les côtés, sur des paysages attachants. On ne pouvait se lasser d’admirer ses horizons. Il n’était pas étonnant que les habitants de l’Érablière aient acquis dans toutes leurs manières le charme de paix et de douceur qui se dégageait de cette nature de prédilection.