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toi. Sois bonne, soit douce, sois gentille ; je vais, en ta faveur, faire mon testament.

la servante. Je veux une donation, ou je pars.

robinson. Tu m’assassines ! Dieu et les hommes m’abandonnent. Malédiction sur l’univers ! Que le tonnerre m’écrase, et que l’enfer m’engloutisse !

Il meurt désespéré.

P. J. Proudhon.


QUATRIÈME LETTRE.


24 décembre 1849.
Monsieur,

La gratuité du crédit est-elle possible ?

La gratuité du crédit est-elle impossible ?

Il est clair que, résoudre une de ces questions, c’est résoudre l’autre.

Vous me reprochez de manquer à la charité, parce que je maintiens le débat sur la seconde. Voici mon motif :

Rechercher si la gratuité du crédit est possible, c’eût été me laisser entraîner à discuter la Banque du Peuple, l’impôt sur le capital, les ateliers nationaux, l’organisation du travail, en un mot, les mille moyens par lesquels chaque école prétend réaliser cette gratuité ; tandis que, pour s’assurer qu’elle est impossible, il suffirait d’analyser la nature intime du capital ; ce qui remplit mon but, et, à ce qu’il me semble, le vôtre.

On oppose à Galilée cinquante arguments contre la rotation de la terre. Faut-il qu’il les réfute tous ? Noa ; il prouve qu’elle tourne et tout est dit : E pur si muove.

Comme novateur, dites-vous, j’ai droit à l’examen. — Sans doute ; mais avant tout, la société, comme défenderesse, a droit qu’on lui prouve son tort. Vous traduisez le capital et l’intérêt au tribunal de l’opinion, les accusant d’injustice, de spoliation. A vous, à prouver leur culpabilité ; à eux, a prouver leur innocence. — Vous avez, dites--