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enfin, et contre toute attente, elle n’est pas la conclusion fatale de la théorie de l’usure elle-même ?

Or, c’est ce qu’affirme le Socialisme, quand il est parvenu à se comprendre lui-même, Socialisme qui ne se distingue plus alors de la science économique, étudiée à la fois dans son expérience acquise et dans la puissance de ses déductions. En effet, que nous dit, sur cette grande question de l’intérêt, l’histoire de la civilisation, l’histoire de l’économie politique ?

C’est que la prestation mutuelle des capitaux, matériels et immatériels, tend à s’équilibrer de plus en plus, et cela par diverses causes que nous allons énumérer, et que les économistes les plus rétrogrades ne peuvent méconnaître :

1° La division du travail, ou séparation des industries, qui, multipliant à l’infini les instruments de travail et les matières premières, multiplie dans la même proportion le prêt des capitaux ;

2° L’accumulation des capitaux, accumulation qui résulte de la variété des industries, et dont l’effet est de produire entre les capitalistes une concurrence analogue à celle des marchands, par conséquent d’opérer insensiblement la baisse du loyer des capitaux, la réduction du taux de l’intérêt ;

3° La faculté toujours plus grande de circulation qu’acquièrent les capitaux, par le numéraire et la lettre de change ;

4° Enfin, la sécurité publique.

Telles sont les causes générales qui, depuis des siècles, ont amené entre les producteurs une réciprocité de prestation de plus en plus équilibrée, par suite, une compensation de plus en plus égale des intérêts, une baisse continue du prix des capitaux.

Ces faits ne peuvent être niés : vous les avouez vous-même ; seulement, vous en méconnaissez le principe et la signification, en attribuant au capital le mérite du progrès opéré dans le domaine de l’industrie et de la richesse; tandis que ce progrès a pour cause, non le capital, mais la circulation du capital.

Les faits étant de la sorte analysés et classés, le Socialisme se demande si, pour provoquer cet équilibre du cré-