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des Bretons insulaires ; qu’ils en avaient chez eux, au témoignage de César, une infinité d’idoles ; qu’ils honoraient en lui l’inventeur des lettres, de la poésie, de la musique, de tous les arts ; qu’ils l’invoquaient dans leurs voyages et lui attribuaient une grande influence sur le commerce et les marchés[1].

Un bas-relief antique, gravé par Montfaucon, le représente sous la figure d’un nain tenant une bourse à la main[2]. C’est précisément ainsi que les anciens bardes représentent Gwion ; il l’appellent même « le nain à la bourse[3]. »

Or, les nains d’Armorique, comme nous l’avons vu, ont aussi une bourse. Tous les autres attributs de Gwion et de l’Hermès gaulois, la science magique, poétique, cabalistique, alchimique, métallurgique, divinatoire, ils la possèdent, et leur jour de fête est le jour de Mercure. Il semblerait donc qu’il n’y eut aucun doute à avoir sur l’identité de ces personnages ; mais il y a mieux : les noms mêmes sous lesquels on les désigne sont équivalents ; les habitants du pays de Galles appellent indifféremment « herbe de kor et herbe de Gwion[4], » une plante médicinale particulièrement affectionnée des nains, et les Gaulois, d’après une inscription trouvée à Lyon, appelaient Korig (petit nain), le dieu « qui présidait au commerce des Gaules, patronisait les bateliers de la Saône et de la Loire, les voituriers et les peseurs[5]. »

Nous ne pousserons pas plus loin cette digression ; il nous suffisait de faire voir que les nains bretons, aussi bien



  1. César, VI., c. XVII.
  2. Montfaucon, t. IV, p. 414.
  3. Myvyrian, t. III, p. 161.
  4. Owen’s Welsh Dict., t. 1, p. 126, ed. de 1832.
  5. Je dois ce curieux renseignement au vaste savoir de M. Pardessus.