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Dans la légende rimée de saint Efflamm, Arthur est le même personnage que dans les poëmes gallois du sixième siècle[1] ; n’est pas invincible, il a besoin, pour ne pas périr, d’un secours miraculeux ; il n’a ni le costume, ni les mœurs empruntées que lui donneront les trouvères du moyen âge ; ce n’est pas encore le roi chevalier, c’est une sorte de Thésée aux prises avec des monstres. Le chef armoricain Gradlon est dépeint, dans la légende de saint Ronan, comme un monarque imprudent, téméraire, prompt à écouter les conseils dangereux ; il condamne l’innocence. C’est l’homme tel qu’il appartient à l’histoire, et pas encore le héros des poèmes chevaleresques, qui lui prêteront « un beau corps, un cœur franc, » et qui le surnommeront pour cette raison, « le Grand[2]. »

Cependant nous avons des monuments poétiques dont il est impossible de constater la date, au moins par les moyens précédemment indiqués ; je veux parler des chants qui appartiennent à cette portion de toute poésie populaire qui traite du monde invisible et de ses habitants, dans leurs rapports avec les humains. Nous verrons bientôt si on peut parvenir à leur assigner une date probable, en recourant à d’autres moyens ; mais il nous semble nécessaire d’étudier d’abord leurs mystérieux acteurs.


IV


Les principaux agents surnaturels de la poésie populaire de Bretagne sont les nains et les fées.

  1. Myvyrian, t.I, p. 102.
  2. Gent ot le cors é franc le cuer,
    Pur cou ot nom Graalent-muer.

    (Roquefort, t. I, p. 487.)