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dansez pas ? — Rien, ma dame ; si je ne danse pas, c’est que je suis étourdi par la fatigue du chemin. —

Au second tour de danse, la mariée lui demanda encore : — Vous êtes donc toujours las, brave homme, que vous ne dansez pas ? — Oui, ma dame, je suis toujours las ; je suis las et de plus j’ai un poids sur le cœur. —

Au troisième tour de danse, souriant d’une façon charmante, elle lui dit : Venez danser avec moi. — C’est un honneur que je ne mérite point ; cependant je l’accepte ; personne n’aurait l’impolitesse de ne pas accepter. —

Or, tandis qu’ils dansaient, se penchant vers elle, il lui murmura à l’oreille, en riant d’un rire verdâtre : — Qu’avez-vous fait de la bague d’or que vous reçûtes de moi, au seuil de la porte de cette salle même, il y a un an jour pour jour ? —

Elle joignit les mains en élevant les yeux au ciel, et s’écria : — Mon Dieu ! jusqu’ici j’avais vécu sans chagrin, je pensais être veuve, et voilà que j’ai deux maris ! — Vous pensiez mal, ma belle, vous n’en avez aucun ! —

Et il tira un poignard qu’il tenait caché sous sa veste, et il en frappa la dame au cœur si violemment, qu’elle tomba sur ses deux genoux, la tête penchée : — Mon Dieu ! dit-elle, mon Dieu ! — Et elle mourut.


IV.


Dans l’église de l’abbaye de Daoulaz, il est une statue de la Vierge portant une ceinture étincelante de rubis venue d’au delà de la mer. Si tu désires savoir qui lui en a fait don, demande au moine repentant qui est prosterné à ses pieds.


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