— Halte ! mon petit page ; tiens la bride de mon cheval; j’entends une voix d’argent chanter sur la montagne ; j’entends une petite voix douce chanter sur la montagne. Il y a aujourd’hui sept ans que je l’entendis pour la dernière fois.
— Bonjour à vous, jeune fille de la montagne ; vous avez bien dîné, que vous chantez si gaiement ?
— Oh! oui, j’ai bien dîné, grâces en soient rendues à Dieu ! avec un morceau de pain sec que j’ai mangé ici.
— Dites-moi, jeune fille jolie qui gardez les moutons, dans ce manoir que voilà, pourrai-je être logé ? — Oh ! oui, sûrement, mon seigneur, vous y trouverez un gîte et une belle écurie pour mettre vos chevaux.
Vous y aurez un bon lit de plume pour vous reposer, comme moi autrefois quand j’avais mon mari ; je ne couchais alors dans la crèche parmi les troupeaux ; je ne mangeais pas alors dans l’écuelle du chien.
— Où donc, mon enfant, où est votre mari ? Je vois à votre main votre bague de noces ! — Mon mari, mon seigneur, est allé à l’armée ; il avait de longs cheveux blonds, blonds comme les vôtres.
— S’il avait des cheveux blonds comme moi, regardez bien, ma fille, ne serait-ce point moi ? — Oui, je suis votre dame, votre amie, votre épouse ; oui, c’est moi qui m’appelle la dame du Faouet.
— Laissez là ces troupeaux, que nous nous rendions au manoir, j’ai hâte d’arriver.
— Bonheur à vous, mon frère, bonheur à vous ; comment va mon épouse, que j’avais laissée ici ?
— Toujours vaillant et beau! Asseyez-vous, mon frère. Elle est allée à Quimperlé avec les dames ; elle est allée à Quimperlé.