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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Ainsi se vengeaient les montagnards bretons forcés de se faire justice à eux-mêmes, à défaut de chefs nationaux de leur race pour la leur rendre. La sœur du duc de Normandie fit entourer, massacrer, disperser et poursuivre, par ses hommes d’armes, selon l’expression d’un contemporain, les bandes insurgées des pauvres paysans[1]. Mais, plus tard, le joug de l’étranger s’étant adouci en s’usant, comme il arrive toujours, un duc, plus humain et plus juste, voyant l’oppression dont le peuple était l’objet de la part des roturiers, que les nobles, revêtus du titre de sergents féodés, chargeaient d’exercer leurs fonctions, moyennant salaire, publia l’ordonnance suivante : « Pour ce que au temps passé nos sergentises ont esté données à personnes poy savantes et moins suffisantes, quant adee (c’est-à-dire non nobles) ; et quand elles ont esté données à personnes suffisantes, ceulx les affermoient à aultres personnes moins suffisantes, et en tel nombre que ce qui pouvoit estre gouverné par un seul estoit affermé a deux, trois, quatre ou cinq, qui tous convenoient vivre soubz celles sergentises ; et ainxi ont esté noz dits subjetz mangiez, destruits et grandement pillez, et justice celée, et les rapportz malilvesement et faulxement recordez... pour ce avons ordrenné et ordiennons que ceulx qui tendront et à qui nous donrons desoremes en avant sergentises en nostre duchié, les serviront en leurs propres personnes, sans les bailler a ferme... et ne prendront ceulx sergents des subjetz de leurs sergentises, robes, pansiofts, louiers, ne aullres choses...; vinages, bladages, gerbages, ne aultres exactions indues, et en ont levé plusieurs aultres et usé du contraire, dont nous entendons à les faire punir[2]. »

  1. Agmina rusticorum invadunt, trucidant dispergunt, persequuntur. (Histoire de Bretagne, Preuves, t. I, col. 333.)
  2. Etablissements de Jean III. (Histoire de Bretagne, t. 1, col. 1165 et 1164.)