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et vaincus réconciliés, grands et peuple, égaux à ses yeux, sont admis à sa cour. Comme elle a reçu avec orgueil les palmes lyriques du troubadour provençal et les lauriers épiques du trouvère français, elle accueillera sans doute les poétiques rameaux de bouleau fleuri, couronne des vieux bardes, que la muse bretonne, longtemps fugitive et proscrite, vient lui offrir à son tour.


II


Quoiqu’il ne soit pas de mon sujet d’écrire l’histoire des anciens bardes, il me semble indispensable, pour l’intelligence des considérations dans lesquelles je vais entrer, de placer ici un petit nombre d’observations sommaires sur leur langue, leur état et leur condition dans l’île de Bretagne, dans la Gaule et dans l’Armorique.

Mais une première question se présente : Les bardes antérieurs à l’ère chrétienne sont-ils bien les ancêtres des bardes de nos jours, et leur langue était-elle la langue de ces derniers ?

J’ai essayé de répondre ailleurs[1] à cette question importante ; on me permettra de ne pas rentrer aujourd’hui dans la discussion des faits, et de me borner à reproduire la conclusions de mon travail.

Un certain nombre de mots cités par les écrivains grecs ou latins comme appartenant à la langue des bardes de la Gaule ou

  1. Essai sur l’histoire de la langue bretonne depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, servant d’introduction aux Dictionnaires français-breton et breton-français et à la Grammaire de le Gonidec, 2 vol. in-4o.