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INTRODUCTION.

rêté[1] pour former une commission chargée de « réunir les poésies consacrées à la religion, à ses souvenirs, à ses préceptes, que chante le peuple dans chacune des provinces de France ; toutes celles qui concernent les faits éclatants de l’histoire nationale; tous les chants traditionnels de nature à apprendre au peuple des villes et des campagnes à aimer Dieu, la patrie et ses devoirs; » en puhliant cet arrêté, le comte de Salvandy mérita bien de son pays. Ajouterai-je qu’il fit adresser à chacun des membres de la commission un exemplaire des Chants populaires de la Bretagne, et décerna au jeune collecteur la seule récompense qu’il pût lui offrir ? Si une nouvelle révolution empêcha cette commission de réaliser son projet, un autre ministre non moins ami de la muse rustique, M. Hippolyte Fortoul, lui donna un commencement d’exécution; sur son rapport, l’Empereur actuel, alors Président de la République, décréta la publication des Chants populaires de la France; un comité s’occupa de les faire recueillir. Ampère rédigea des instructions pour les membres correspondants, et un grand nombre de pièces furent adressées au Ministère, que l’éminent historien aujourd’hui placé à la tête de l’instruction publique ne laissera sans doute pas inédites, quoique le décret du 15 septembre 1852 ait été rapporté[2].

Les réunions qu’on fréquente le plus en Bretagne pour entendre les chanteurs, sont les fêtes des noces et de l’agriculture, les foires, les nuits funèbres où l’on veille et prie autour d’un lit de mort, les linadek, où l’on tire le lin, qui, dit-on, deviendrait étoupe, si l’on n’y chantait pas, mais surtout les fileries du soir.

Les habitants des campagnes se rassemblent principalement l’hiver à l’occasion de ces fileries. Réunis, dès six heures du soir, en cercle devant un large foyer dont la flamme éclaire

  1. Moniteur du 22 mai 1845.
  2. Elles trouveraient un digne éditeur en M. E. J. B. Rathery.