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INTRODUCTION

Le second, qui est relatif à la naissance de Merlin, offrant le germe évidemment développé par les romanciers du moyen âge, doit être mis hors de question. Il en doit être ainsi du troisième, vu qu’il est populaire à la fois en Galles , où on le trouve dés le douzième siècle, et en Bretagne, et qu’il présente d’ailleurs une forme rhythmique archaïque.

Reste le dernier qui montre les Bretons en état d’hostilité flagrante contre les Français et leur roi, hostilité qu’on ne dira pas, je suppose, avoir eu lieu au seizième siècle alors que le loi de France était duc de Bretagne.

Ces chants n’étant donc pas du seizième siècle, ne datent-ils point de plus haut? Cette question nous conduit à examiner si la forme des poésies populaires de la Bretagne s’accorde bien avec le fond d’événements, de mœurs et d’idées qu’ils présentent.


VII


Les poésies populaires de toutes les nations offrent des analogies frappantes ; on dirait qu’elles sortent de la même bouche et quelles peuvent se chanter sur le même air : cela se conçoit ; elles sont l’image de la nature dont le type se trouve gravé au fond des mœurs de tous les peuples, et dont les procédés sont partout identiques ; j’aime mieux cette raison, aussi admise par M. Mila y Fontanas et par M. de Puymaigre, que le système celto-latin de M. Nigra, quelque séduisant qu’il soit.

Entre les ballades vraiment originales et non empruntées qu’on chante en Espagne et en Italie, en Servie, en Scandinavie, dans les États d’Allemagne, en Écosse et en Bretagne, je ne vois d’autre différence que celle du caractère des habitants de ces contrées.