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INTRODUCTION

mun, à ce qu’il paraît, aux. chefs des bardes et des devins bretons[1].

L’eau merveilleuse du vase magique est nommée par les bardes l’eau de Gwion[2]. L’île d’Alwion[3], ou de Gwion, dont on a fait Albion, et qu’un ancien poëte gallois appelle le pays de Mercure[4], paraît lui devoir son nom. Gwion a, en effet, beaucoup de rapport avec ce dieu[5]. On sait que l’Hermès celtique était la plus grande divinité des Bretons insulaires; qu’ils en avaient chez eux, au témoignage de César, une infinité d’idoles; qu’ils honoraient en lui l’inventeur des lettres, de la poésie, de la musique, de tous les arts ; qu’ils l’invoquaient dans leurs voyages et lui attribuaient une grande influence sur le commerce et les marchés[6].

Un bas-relief antique, gravé par Montfaucon, le représente sous la figure d’un nain tenant une bourse à la main[7]. C’est précisément ainsi que les anciens bardes représentent Gwion; ils l’appellent même « le nain à la bourse[8]. »

Or, les nains d’Armorique, comme nous l’avons vu, ont aussi une bourse. Tous les autres attributs de Gwion et de l’Hermès gaulois, la science magique, poétique, cabalistique, alchimique, métallurgique, divinatoire, ils la possèdent, et leur jour de fête est le jour de Mercure. Il semblerait donc qu’il n’y eût aucun doute à avoir sur l’identité de ces person-

  1. Myvyrian, t. I, p. 17, 18, 36, 37.
  2. Idem, t. II, p. 17, 38, 175.
  3. Sic Eustates, et non Albion (Commentar. in Dion., p. 566). Sic Agathemerus (Géograph., II, c. ix). Le G disparaît dans les mots composés.
  4. Myvyrian, t. I, p. 158
  5. Nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer aussi le rapport qui existe entre ce Gwion et Gigon, dieu du commerce et inventeur des arts, chez les Phéniciens et les Tyriens. Dans les mystères des cabyres de Samothrace, tandis que la grande divinité travaille à l’œuvre du monde, il l’aide dans ses opérations magiques, comme Gwion aide Koridgwen. Sa taille et sa figure sont celles des Courètes : c’est lui qui conduit leurs danses.
  6. César, VI, c. xvii
  7. Montfaucon, t. IV, p. 414.
  8. Myvyrian, t. III, p, 164.