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Il est mort à vingt-deux ans, comme meurent les martyrs et les saints.

Mon Dieu, ayez pitié de son âme ! le seigneur est mort ! ma voix meurt !

— Toi qui l’as trahi, sois maudit ! sois maudit ! Toi qui l’as trahi, sois maudit !



NOTES


Les traditions d’honneur, nous en avons ici la preuve, se transmettent de père en fils : Pontcalec descendait en ligne directe de ce fier Jean de Malestroit, chef de l’opposition à l’union de la Bretagne à la France, qui refusa le bâton de maréchal que la duchesse Anne lui offrit, pour vaincre une obstination qu’elle admirait tout en la blâmant. Son père, comme ses aïeux, était resté fidèle à la cause nationale, et selon la magnifique expression de Louis XIV, « ceux-ci n’avaient retiré d’autre récompense de leurs glorieuses actions que la gloire de les avoir faites » ; il fut digne d’eux.

La lettre où l’on apprenait au recteur de Berné la mort du jeune Breton et celle de ses amis a été conservée ; elle est écrite par un des religieux qui assistèrent les condamnés. Même au moment de l’exécution, l’humeur enjouée du jeune marquis ne se démentit pas un instant ; elle contrastait singulièrement avec la gravité de ses compagnons plus âgés. « Après avoir confessé M. du Couëdic, dit le religieux, je me retirai en le saluant. Voulant me rendre le salut : « Où est, dit-il, mon chapeau ? — Hé ! qu’avons-nous besoin de chapeaux ? répondit M. de Pontcalec, on nous ôtera bientôt le moule des chapeaux ! » En voyant entrer M. de Montlouis, il s’écria : « Ah ! voilà un bien honnête homme qu’on fait mourir. » Et il vint l’embrasser en disant : « Quelle injustice ! » La seule plainte qu’il proféra lui fut arrachée par le sentiment de la dignité humaine ; quand le bourreau lia les mains de ses compagnons : « Lier les mains à des gentilshommes ! s’écria-t-il, les condamner à mort sans qu’ils aient jamais tiré l’épée contre l’État ! voilà donc cette Chambre royale qu’on disait agir avec tant de douceur ! Quelle douceur ! On disait que M. de Montlouis avait sa grâce ; pourquoi donc lui lier les mains comme à nous ? » L’exécuteur, en arrivant à lui, fut si ému, qu’il crut devoir « lui adresser une espèce de compliment ou d’excuse. » M. de Pontcalec lui dit : « J’irai tranquillement à l’échafaud sans avoir les mains liées. » Il alla pour en faire autant à M. du Couédic,