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LA PESTE D’ELLIANT

Une pauvre vieille femme de soixante ans et son fils unique.

« La peste est au bout de ma maison, disait-elle ; quand Dieu voudra elle entrera ; lorsqu’elle entrera, nous sortirons, »

Sur la place publique d’Elliant, on trouverait de l’herbe à faucher,

Hormis dans l’étroite ornière de la charrette qui conduit les morts en terre.

Dur eût été le cœur qui n’eût pas pleuré, au pays d’Elliant, quel qu’il fût,

En voyant dix-huit charrettes pleines à la porte du cimetière, et dix-huit autres y venir.

Il y avait neuf enfants dans une même maison, un même tombereau les porta en terre.

Et leur pauvre mère les traînait.

Le père suivait en sifflant… Il avait perdu la raison.

Elle hurlait, elle appelait Dieu, elle était bouleversée corps et âme :

— Enterrez mes neuf fils, et je vous promets un cordon de cire qui fera trois fois le tour de vos murs.

Qui fera trois fois le tour de votre église, et trois fois le tour de votre asile.