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de la raison, pour corriger ce qu’elle blâme ; elle y contribue, pour sa part ; mais elle ne précipite pas la réforme ; et, comme son rôle n’est pas de gouverner les hommes, elle se borne à se gouverner elle-même.

Voilà comment le vrai philosophe respecte toujours, dans toute la sincérité de son cœur, le culte du pays où Dieu l’a fait naître. Ce respect se fonde sur les meilleurs motifs. D’abord, si la philosophie choisit librement la voie qui la mène à la solution des grands problèmes, pourquoi d’autres ne seraient-ils pas libres de prendre une voie différente ? La Religion associe les hommes dans une pensée et une solution communes ; le philosophe marche seul dans le chemin pénible qu’il s’est tracé ; mais le but est le même, si la route ne l’est pas. La religion peut dédaigner la philosophie ; la philosophie ne doit jamais dédaigner la religion, parce que ce serait se désavouer soi-même en principe. Puis, l’inspiration instinctive des peuples les conduit à la vérité sur les points essentiels, aussi sûrement que la réflexion la plus attentive y peut conduire