Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rendre leurs hommages. Celui qui manquerait au traité recommencerait toutes ses visites, fut-il parvenu à la dernière.

On eut bien quelque peine, sans doute, à s’abstenir du thème favori, mais enfin, chacun y mettant du sien, on traita bals, concerts, voire même quelque grande nouvelle d’outre-mer.

L’après-midi s’achevait lorsqu’à la cinquante-septième visite, nos trois amis se trouvèrent aux prises avec une jeune débutante, qui babillait plus, paraît-il, aux heures du silence dans son couvent que dans le salon de sa maman.

Mademoiselle, n’ayant aucune idée à énoncer sur les fêtes passées, la conversation allait demeurer suspendue… que faire ? L’un d’eux, se dévouant pour la cause commune, aborda le sujet défendu.

À cet instant critique on annonça d’autres visiteurs. Trop tard ! Le mot fatal était lâché. Il lui fallait recommencer à gravir les stations de la voie douloureuse.

Oui, je le concède, les visites du jour de l’an sont détestables, ennuyeuses, tous les mauvais qualificatifs que vous voudrez, mais il serait dommage de voir disparaître cette antique coutume. Que de réconciliations se sont effectuées par elles ! Sans compter que le moment est propice à ces timides aspirants, qui, depuis des mois, soupirent après l’instant heureux, où, grâce à un ami compatissant, ils verront s’ouvrir pour eux le seuil d’un séjour plein d’attraits.

Le bon côté de la médaille pourrait faire oublier le revers.