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QUATRIEME PARTIE

MÉMOIRE JUSTIFICATIF[1]
AU PEUPLE FRANÇAIS

Je suis né dans cette classe du peuple pour qui le travail est un besoin. Sans fortune comme sans intrigue, je n’ai reçju de mes parents qu’une éducation très ordinaire, un bon métier et l’exemple de la plus austère probité. Dans l’ancien régime, je pouvais tout au plus espérer, après quinze ou vingt années de service, devenir caporal ou sergent. Dans le nouveau, j’ai été général en chef.

Je n’ai pas l’amour-propre de croire que j’eusse les talents militaires des généraux illustres dont l’histoire fait l’éloge, mais j’ai l’orgueil de dire hautement que j’avais au moins autant de courage et de probité qu’eux, surtout un amour brûlant pour ma patrie, pour l’égalité, la liberté et pour le peuple, première vertu des républicains.

On m’a accusé d’avoir trahi mon pays. Peu ha-

  1. Ce mémoire justificatif réédite le texte publié par Rossignol en 1795, et tient compte des variantes légères qu’offre le manuscrit incomplet des archives historiques de la guerre.