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arrêts dans votre logement jusqu’à son retour. » Je lui dis que j’allais m’y rendre. En sortant, les disputeurs me dirent mille injures : l’un, qu’il me couperait bien un bras, un autre que ce serait un plaisir pour lui de me brûler la cervelle. Je me rendis pourtant à mon logement sain et sauf. Plusieurs officiers de la gendarmerie vinrent me voir à mon logement ; je priai un capitaine de rester avec moi afin qu’il pût rendre compte à la gendarmerie de cette affaire[1].

Je devais partir le lendemain matin à trois heures vu qu’il faisait extrêmement chaud. Voyant

  1. Le procès-verbal porte :

    « Le 29 juin, le lieutenant-colonel des chasseurs à cheval de la légion du Nord reçut, en l’absence de Westermann, un rapport signé de plusieurs officiers, sous-officiers et soldats de cette légion, portant que Rossignol, en arrivant à Saint-Maixent avec sa troupe, avait cherché, par les propos les plus incendiaires, à mettre la légion du Nord en insurrection contre son chef ; qu’il avait dit, en buvant avec ses gendarmes, qu’il savait bien que Westermann tenait ses soldats sous le joug ; que si ces soldats étaient de vrais républicains, ils secoueraient bientôt ce joug et n’obéiraient point aveuglément aux ordres de leur chef… »

    On lit en marge l’approbation de Westermann et cette annotation :

    « Considérant que le citoyen Rossignol a déjà prêché la même insubordination contre le général Biron, à Niort ; qu’il a suscité les soldats contre le général, en disant qu’il ne fallait pas lui obéir, puisqu’il était un ci-devant ; qu’il est urgent d’arrêter les projets d’une personne aussi dangereuse à la tête d’un corps, qui partout ne prêche que l’insubordination : c’est pourquoi le citoyen Rossignol sera traduit dans les prisons de la ville de Saint-Maixent, pour être conduit demain au quartier général à Niort, et être jugé suivant la rigueur des lois.