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trer que telle est la différence de force entre les deux pays, qu’il vous est inutile de déployer toute votre puissance, nous montrer que vous avez quelque chose en réserve pour réprimer non-seulement de nouveaux efforts de la part du peuple, mais des efforts rendus plus terribles encore par l’assistance étrangère ; il faudrait nous prouver que cette prospérité, que nous avons vainement supposée s’accroître en dépit de vos efforts, il ne tient qu’à vous de l’anéantir. Mais, au nom de vos intérêts, n’ayez point secours à un système qui, en aigrissant nos esprits, nous laisserait encore cette illusion douloureuse que nous avons été forcés de plier, non pas sous les lois d’une puissance supérieure, mais sous les efforts de la faiblesse armée du désespoir ; considérez aussi combien il est périlleux de distinguer les rebelles des ennemis. Déjà vous avez été contraints une fois de renoncer à cette distinction ; que si vous étiez obligés de l’abandonner envers l’Irlande, vous ne pourriez le faire aussi tranquillement qu’envers l’Amérique, à cause de l’état d’exaspération où vous avez porté l’esprit de la nation ; un peuple que vous proclamez avoir été voué à la barbarie et à l’ignorance, avec quelle confiance pouvez-vous lui dire : tant que la cruauté a été à mon avantage, je vous ai massacré sans pitié ; mais la mesure de mon sang commence à excéder celle du vôtre, il n’est plus de mon intérêt que ce sanglant système continue ; ayez donc pour moi cette commisération que je ne vous ai apprise ni par mes préceptes ni par mes exemples, dépouillez vos ressentimens, faites-moi quartier, et oublions l’un et l’autre que je ne vous l’ai jamais fait.