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LE SYMBOLISME

clarté, Tailhade dans la composition reste fidèle à la belle ordonnance de la logique classique. Il conserve également au vers son impeccable harmonie. Le Jardin des rêves et tous les Poèmes élégiaques sont écrits sur un rythme « correct et pur comme une amphore [1] », qui révèle l’élève de Gautier et l’admirateur de Leconte de Lisle. Si la coupe des Poèmes aristophanesques est beaucoup plus libre, cette liberté est encore fort supportable, et n’aboutit nulle part au vers libre. Quand Tailhade veut céder à la mode, il écrit des vers blancs, auxquels d’ailleurs il ne donne pas la forme typographique des vers, comme son Menuet d’automne [2], ou simplement des Poèmes en prose qui ne sont, à vrai dire, que des morceaux de prose lyrique. En métrique comme en syntaxe, Tailhade est un traditionnaliste et un puriste. Il demeure à notre époque le type le plus complet du latin qui n’oublie rien de la bonne gaieté gauloise et a su dans son œuvre, en geste de foi symboliste, diffuser

L’éclat mystérieux des roses et du sang.



  1. Rêve antique : Hymne à Dionysos.
  2. Épigrammes.