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LES MALLARMÉENS



Soleils plénipotentiaires des travaux en blonds Pactoles
Des spectacles agricoles,
Où êtes-vous ensevelis ?
Ce soir un soleil fichu gît au haut du coteau,
Gît sur le flanc, dans les genêts, sur son manteau ;
Un soleil blanc comme un crachat d’estaminet
Sur une litière de jaunes genêts,
De jaunes genêts d’automne.
Et les cors lui sonnent !
Qu’il revienne à lui !
Taïaut, taïaut et hallali !
O triste antienne, a-tu fini !
Et font les fous !…[1]


Il fait des essais d’harmonie imitative :

Bin bam, bin bam
Les cloches, les cloches
Chansons en l’air, pauvres reproches,
Bin bam, bin bam
Les cloches en Brabant[2].


Il ne dédaigne même pas d’écrire, dans le style particulier aux chansons de café-concert, des poèmes d’un goût bizarre comme la Chanson du petit hypertrophique. Il compose des complaintes sur des scies populaires, comme la Complainte de cette bonne dame la lune, fantaisie astronomique rimée sur l’air du Pont d’Avignon, ou la Complainte des pianos qu’on entend dans les quartiers aisés, dans laquelle se trouve insérée le refrain même du carnaval :

Tu t’en vas et tu nous quittes
Tu nous quitt’s et tu t’en vas.


La strophe participe des mêmes libertés ; elle n’est entravée par aucune règle fixe. Le seul principe est le caprice éphémère du poète ou l’intensité qu’il juge nécessaire d’attribuer

  1. Derniers vers : l’Hiver qui vient et aussi Derniers vers : Dimanche
  2. Complainte des cloches.