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LE SYMBOLISME

des sons choisis (les mots), associées et rythmées (vers et strophes) en vue d’une émotion à produire.

Quand les violons sont partis, l’unique livre de poèmes qu’ait laissé Édouard Dubus, met en pratique la plupart des axiomes de cette poétique. Mais si, par exemple, le poème, Une vie, démontre l’aptitude du poète dans l’art des correspondances, les autres morceaux du recueil témoignent plutôt de sa virtuosité à choisir, associer et rythmer les sons. Il a le secret des allitérations prolongées à grands effets musicaux :

Des calices de lys chers aux vers luisants
Constellaient telles de géantes opales…[1]
… Sur quel rythme endiablé s’envolent leurs volants[2].


Il y révèle surtout une maîtrise incomparable dans l’entrelacement des rimes. Il en joue à la manière dun prestidigitateur pour quiles combinaisons les plus inusitées sont autant de ressources harmoniques. Soir de fête est composé tout entier en rimes masculines. Par contre, Aurore et Ruines le sont en rimes féminines. Le sonnet Magna quies est aussi écrit sur des rimes féminines, mais il en varie ainsi la succession : A1B2B3B4 | A5A6A7B8 | C9D10C11 | C12 13E14. La consonrance du premier vers dans le premier quatrain réapparaît dans les trois premiers vers du deuxième quatrain, tandis que la consonnance des vers 2, 3 et 4 ne se retrouvent qu’une seule fois au vers 8. Une des rimes du premier tercet n’a point d’homophone dans le deuxième. Le Sonnet d’hiver est entièrement rimé sur ces quatre mots, grise, froid, s’accroît, brise, celui des Violons sur les quatre suivants ; brille, chanson, unisson, quadrille. Dubus affectionne particulièrement le retour des rimes parallèles. Le procédé est sensible

  1. Féerie.
  2. Bals.