non pas inférieurs, mais égaux, que la simplicité comme la
sûreté de leur instinct rend dignes de tous nos égards. C’est
pourquoi Francis Jammes déverse sur eux des flots de commisération.
Voici le pauvre oiseau mourant, le chat galeux,
le chien battu et surtout les ânes. Ces derniers, il les aime
..... parce qu’ils baissent la tête
Doucement et s’arrêtent en joignant leurs petits pieds
D’une façon bien douce et qui vous fait pitié[1].
Il les aime parce qu’ils ont avec les poètes plus d’une ressemblance et que bien peu d’hommes comprennent « qu’il faut du génie pour chanter ou pour braire avec une certaine voix » [2].
Aussi souhaite-t-il d’entrer au Paradis, suivi de leurs milliers
d’oreilles. Le jour où il lui faudra aller vers Dieu, il ira
quérir l’assistance de ces humbles compagnons :
Je prendrai mon bâton et sur la grande route
j’irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis,
car il n’y a pas d’enfer au pays du Bon Dieu.
Je leur dirai : Venez, doux amis, du ciel bleu,
pauvres bêtes chéries qui, d’un brusque mouvement d’oreille,
Chassez les mouches plates, les coups et les abeilles…[3]
Qui aime les bêtes aime les gens, dit un proverbe populaire. Francis Jammes est animé pour l’humanité d’une commisération qui va jusqu’à la singularité. Ses meilleures poésies ont pour thème, en effet, des déshérités de la vie : le pauvre pion si sale, si doux, le petit cordonnier, le mendiant, l’infirme, les filles laides et le tabellion de village. Il s’apitoie sur l’humilité ou la douleur de leur destinée. Il leur fait