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LES VERLAINIENS


Pourtant, s’il se permet quelques licences, c’est sur la rime qu’il les fait porter, car il traite celle-ci en acrobate qui vise aux tours singuliers. En voici un exemple des plus typiques :

Rose-mousseuse, sur toi pousse
Souvent la mousse,
De l’Aï… Du BOCK plus souvent
A 30 Cent.[1].


Corbière pratique généralement l’alternance de la rime, sauf dans le Soneto A Napoli, écrit tout entier en rimes masculines et le poème Rescousse où chacun des six quatrains comporte trois rimes féminines suivies d’une masculine. Là se bornent ses innovations métriques. Elles ne sont pas des plus audacieuses et révèlent plutôt le respect craintif d’un excentrique pour la tradition que la fougue d’un révolutionnaire.

Par contre, la singularité se retrouve exaspérée, dès qu’on étudie le style du poète. Son symbolisme se traduit ici par l’art d’assimiler les choses abstraites aux choses concrètes et d’exprimer les premières par les secondes.

Je sais rouler une amourette
En cigarette,


confesse-t-il dans Guitare, et s il tâche de découvrir le nom d’une jeune personne qu’il accoste Après la pluie, il interroge :

Nom de singe ou nom d’Archange ?
Ou mélange ?
Petit nom à huit ressorts ?
Nom qui ronfle, ou nom qui chante ?
Nom d’amante ?
Ou nom à coucher dehors ?


Il aime les comparaisons inattendues et d’un bizarre un peu grossier. Oh ! dit-il A une camarade,

  1. A une rose.