nisme outrancier de Rimbaud, la névrose de Laforgue et des autres.
A rebours révélait sérieusement un état d’âme ; la crise de des Esseintes était l’épidémie à la mode. Huysmans en décrivait les symptômes, en analysait les causes. Il expliquait, comparait et concluait. Des Esseintes cessait de se singulariser. La foi en Dieu était pour lui le remède d’une folie passagère. Les Déliquescences, au contraire, tournaient en ridicule ces attaques de fièvre chaude. La confession pourtant si navrante de des Esseintes n’attirait que leurs sarcasmes. C’était une maladie dont il fallait rire, car la folie est par certains côtés toujours ridicule. Huysmans dénonçait l’existence d’un malade atteint de contagion jusqu’alors inconnue. Vicaire et Beauclair transformaient en cirque l’hôpital. Il ne restait qu’à donner la parade. La presse s’en chargea, on l’a vu, avec une maëstria redoutable, un enthousiasme unanime dans l’éreintement confraternel.
A en croire l’opinion, celle des journaux, du livre et de la chanson, la révolution tentée en littérature n’a donc abouti qu’à un seul résultat : le chaos. La raison, l’observation ont cédé le pas à la folie. On ne voit plus rien, on comprend moins encore. La jeune école est un collège de maniaques où chacun s’agite selon sa démence pour la stupéfaction ou l’amusement du public. Partout les reproches sont les mêmes : au point de vue du fond, les symbolistes manquent d’idées ; ils dissimulent leur pénurie sous le brouillard et les ténèbres. Au point de vue de la forme, dédain des règles de prosodie et de syntaxe. En résumé, hypéresthésie de la sensibilité et préciosité baroque du style. C’est le succès du ridicule avant la reconnaissance d’un effort louable vers un art nouveau. De 1884 à 1894, les articles fielleux succèdent aux opuscules malveillants, mais dix années d’injures n’entament pas la vitalité de l’école. Elle se développe au milieu des sarcasmes, essayant, malgré tant d’entraves, de réaliser son rêve esthétique. Peut-être ces symbolistes étaient-ils moins fous