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LE SYMBOLISME ET LA PRESSE

les idées modernes ; ils ont répondu en disant : premièrement que l’artiste n’est pas un pitre destiné aux plaisirs des plèbes, deuxièmement que les idées les plus modernes peuvent être traitées en style décadent ; Mallarmé après Paul Adam en a donné l’exemple. Ces théories et ces exemples font songer Maurice Peyrot aux Précieuses Ridicules. Pour compléter cette étude, où le plaisant ne laisse pas de se mêler au sérieux, l’auteur voudrait pouvoir examiner tous les écrivains de l’école décadente. Il se contente d’en éreinter quelques-uns, Verlaine, Mallarmé, Stuart Merrill, Laforgue, Ghil, Moréas, Vielé-Griffin, surtout Baju et Maurice du Plessys. En conclusion, l’auteur indique que Maurice Scève eut, avant les symbolistes, le monopole du style inintelligible. Il déclare qu’au point de vue philosophique et moral, les décadents n’ont rien inventé. Ils n’ont fait que remettre en lumière pour quelque temps les divers systèmes du sensualisme. De tout ce mouvement littéraire, il ne restera que certaines locutions archaïques heureusement rajeunies, un arrangement plus harmonieux et plus musical de la phrase et une recherche plus attentive de la forme. Quant aux théories sur la couleur des voyelles et des consonnes, il n’en subsistera rien, car dans la patrie de la netteté des idées et de la clarté du style, elles sont de véritables contresens.

15. A l’occasion de Paul Verlaine, Jules Lemaître, dans la Revue Bleue du 7 janvier 1888, amplifia cette conclusion. Avant de parler des symbolistes, Jules Lemaître prend en effet la précaution de s’abriter derrière deux hypothèses : 1° il suppose que les poètes dits décadents ne sont point de simples mystificateurs ; 2° il suppose que le symbolisme ou le décadisme n’est pas un accident totalement négligeable dans l’histoire de la littérature.

Sur le premier point, il consent à considérer les décadents comme des gens sincères ; il en a coudoyé quelques-uns et il