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LE SYMBOLISME

symbolistes. Les tendances générales sont semblables ; tous communient dans le même élan d’idéalisme, mais tous ne font pas le même rêve et ne voient pas le but au bout des mêmes routes : « Nous entendons en décadisme, écrit Verlaine [1], une littérature éclatant par un temps de décadence, non pour marcher dans les pas de son époque, mais bien « tout à rebours », pour s’insurger contre, réagir par le délicat, l’élevé, le raffiné, si l’on veut, de ses tendances, contre les platitudes et les turpitudes littéraires et autres — ambiantes — cela sans nul exclusivisme et en toute confraternité avouable. » Beaucoup plus tard encore, à une époque où les symbolistes ont parcouru leur carrière plus qu’à moitié, Adolphe Retté précise en disant : « Si l’on interrogeait séparément des poètes dits symbolistes, il est à croire qu’on obtiendrait autant de définitions qu’il y aurait d’individus interrogés. Aucun de nos confrères ne nous démentira à cet égard. Pour nous, nous ne considérons le terme de symbolisme que comme une étiquette désignant les poètes idéalistes de notre génération. C’est une épithète commode et rien de plus [2]. » Les écoles ont donc existé et l’historien doit les mentionner sans oublier qu’elles ne constituent pas des limites infranchissables à son investigation. La floraison parallèle ou successive des cercles, la multiplicité des revues, l’éclosion d’écoles par voie de division plutôt que par voie de création spontanée, laissent assez deviner le caractère d’opportunité des uns et des autres. L’unité du symbolisme n’est qu’une unité d’idéal, nullement une unité de méthode !



  1. Paul Verlaine, le Décadent, 1-15 janvier 1888.
  2. Adolphe Retté, Écoles (La Plume, n° 68, 15 février 1892.)