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LE SYMBOLISME

soir de Noël, le 25 décembre 1885 [1]. On discuta longtemps sur le titre à choisir. On proposa l’Arche d’Alliance, le Symbole, le Tabernacle, puis enfin la Pléiade, qui fut accepté. Rodolphe Darzens fut nommé directeur et la revue parut le 1er mars 1886 sur 32 pages in-8o avec promesse de reparaître tous les mois. Son premier fascicule souleva les huées de la presse. Un chroniqueur osa écrire que les collaborateurs, et particulièrement le poète Ephraïm Mikhaël, « prenaient le chemin de l’Institut en passant par Bicêtre [2] ». Les rédacteurs assagis par cette douche préférèrent se séparer. La première Pléiade en resta au numéro 1. Elle reprit le 15 avril 1889 avec Louis Pilate de Brinn’ Gaubast comme rédacteur en chef, Aurier, Barrès, Dumur, Esparbès, Rachilde, Vielé-Griffin, Quillard, de Régnier, Mikhaël, Tailhade, Vallette comme collaborateurs. Après le cinquième numéro la nouvelle Pléiade se transforme encore : elle prend le titre de Mercure de France. Un administrateur habile, Vallette, en assume la direction. Il fait passer la revue de 32 pages à 300 pages, y ajoute un service d’édition et rassemblant toutes les cohortes de la nouvelle esthétique, fait du Mercure de France la maison solide et respectée du symbolisme.

12. L’abondance même de ces publications, leur variété, leur importance indique assez que le symbolisme n’était pas un mouvement unitaire et que les distinctions s’affirmaient de plus en plus dans les rangs de la jeune armée poétique. La floraison de cette petite presse était le signe de la prospérité des écoles. Dans la période de pleine activité du symbolisme, elles se ramenaient à quatre groupes à peu près délimités : c’étaient d’abord les Décadents auxquels présidait Verlaine. Ils défendaient le décadisme et non l’idée de

  1. Cf. la Gloire du Verbe, par Pierre Quillard.
  2. Cf. Flégrea, 5 mars 1901. — Van Bever, Notes pour servir à l’histoire de la poésie contemporaine.