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LES MILIEUX SYMBOLISTES

synonymes à presque tous les mots où il y avait des a. Malgré ces inconvénients le premier numéro du Décadent put paraître le 10 avril 1886 [1]. » — « En quinze jours, ajoute le narrateur, il fut connu du Tout-Paris intellectuel. Le tirage devint vite insuffisant et il fallut avoir recours à une grande imprimerie. » Cependant dès le numéro 36, le Décadent devient bi-mensuel, adopte le format in-16 et se transforme en petite revue à couverture le plus souvent jaunâtre. Les rédacteurs du Décadent étaient alors : Paul Verlaine, Maurice du Plessys, Laurent Tailhade, Léo d’Arkaï, Albert Aurier, Ernest Raynaud, Jean Lorrain, F.-A. Cazals, Boyer d’Agen, Louis Pilate de Brinn’Gaubast, Jules Renard, Arthur Rimbaud. Baju tente un instant de s’adjoindre Gustave Kahn et ses amis, qui viennent de fonder la Vogue. Gustave Kahn accepta la proposition qui lui était faite, « à la condition expresse que certains des collaborateurs ordinaires du Décadent en seraient exclus ». Aux yeux de Gustave Kahn ces écrivains avaient le grave défaut de faire de la littérature un commerce. Baju parut consentir à ces exigences. Le numéro 25 du Décadent fut à peu près entièrement rédigé par la rédaction de la Vogue. Mais au numéro suivant, Baju crut devoir ramener les personnalités évincées et les écrivains de la Vogue se retirèrent. Gustave Kahn eut même le dessein d’affaiblir le Décadent. Dans ce but avec les capitaux de la maison Tresse et de la maison Soirat, il avait créé un journal à deux sous, le Symboliste, dont voici la curieuse entête :

  1. Anatole Baju, l’École décadente. Paris, Vanier, 1887.