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conscience de croyants

votre chez-vous, vous qui, pied par pied, avez défriché votre sol, vous qui, pendant des années, avez soigné, cultivé les arbres que vous avez plantés, vous encore qui, sur votre bien, voyez l’empreinte de vos pas, de vos travaux, l’empreinte des pas et des travaux de vos pères qui vous ont précédés à la tâche, vous tous, terriens rivés au sol, dont vous comprenez la grande voix, muette pour d’autres, mais éloquente pour vous, la grande voix, qui vous répète comme une amante passionnée : je t’aime d’autant plus que tu m’as aimée et travaillée, n’est-ce pas que vous comprenez Dugré voulant dire un dernier adieu à sa maison, à son chez-soi ?

Quelles furent les pensées de celui qui, dans sa maison, couchait pour la première et la dernière fois ?

Irénée Dugré était un jeune homme. Il eut les pensées des hommes jeunes et ardents, pensées de colère pour ceux qui brisaient sa vie, pensées de mépris pour ceux qui, constitués en autorité, avaient mission de proté-