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UN HOMME LIBRE

royaume, un empire que je gouverne. » Et moi, tandis qu’il marchait dans l’appartement, j’étais assombri et congelé par le bromure, au point que je n’avais pas la force de lui répondre, et je me raidissais, avec un effort trop visible, pour sourire et pour paraître alerte. Et je revins à midi, seul, par la longue rue Richelieu (une de ces rues étroites qui me donnent un malaise), plus accablé et plus inconscient, mais convaincu, au fond de mon découragement, que le paradis c’est d’être clairvoyant et fiévreux.