Page:Barrès - Le culte du moi : un homme libre.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
UN HOMME LIBRE

méthode avec plus d’entrain que dans aucun de mes enthousiasmes précédents. Il s’agissait comme toujours de résumer dans une passion ardente le vague désir, qui sans trêve tourbillonne en moi, de réaliser l’unité de mon Être. Sur ce terrain nouveau je fis une moisson abondante d’analyses, car après le cloître et Venise mes yeux étaient neufs pour Paris.

En moi grandit avec rapidité, conformément à mon rôle, cet appétit de se détruire, cette hâte de se plonger corps et âme dans un manque de bon sens, cette sorte de haine de soi-même qui constituent la passion ! Ah ! l’attrait de l’irréparable, où toujours je voulus trouver un perpétuel repos : au cloître, quand je me vouai à l’imitation de mes saints, — au soir d’Haroué, quand je me fis une belle mélancolie de l’avortement de ma race, — sur les canaux éclatants de Venise, quand je m’exaltais des magnificences de cette ville à qui j’avais l’esprit lié ! C’est encore ce morne irréparable que ma fièvre cherche à Paris, tandis que je veux me remettre tout entier entre des mains ornées de trop de bagues !

Je sais pourtant que je suis une somme in-