Page:Barrès - Le culte du moi : un homme libre.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
UN HOMME LIBRE

Mon Moi est jaloux comme une idole ; il ne veut pas que je le délaisse. Déjà une lassitude et dégoût nerveux m’avaient averti quand je me négligeais pour adorer des étrangers. J’avais compris que les Sainte-Beuve et les Benjamin Constant ne valent que comme miroirs grossissants pour certains détails de mon âme. Une fois encore mes nerfs me firent rentrer dans la bonne voie. Je poussai à l’extrême mon écœurement, je le passionnai, en sorte qu’ennobli par l’exaltation, il devint digne de moi-même et me féconda.

Voici comment la chose se fit. J’examinais avec Simon notre désarroi et je lui disais que la difficulté n’était pas de trouver un bon système de vie, mais de l’appliquer :

— Il faudrait des nécessités intelligentes me contraignant à faire le convenable pour que je sois heureux.

— Quoi me répondait-il, un médecin dans