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CONCORDANCE

des troupes de sphinx qui légitimement apprenaient à des littérateurs français. Il s’enorgueillit d’étranges douleurs qu’il n’avait pas inventées.

On serait tenté de croire qu’il se donna, comme tous les jeunes esprits curieux, aux poésies de Heine, au Thomas Graindorge de Taine, à la Tentation de saint Antoine, aux Fleurs du Mal ; il lut cela en effet et bien d’autres littératures, des pires et des meilleures, mais surtout dans « les bibliothèques de quartier » du lycée, il se passionnait pour les doctrines audacieuses qui sont mieux exposées que réfutées par la lignée classique qui va du charmant Jouffroy à M. Caro. Là est le grand secret de l’éducation d’un jeune homme ; il s’attache aux auteurs qu’on prétendait ne lui faire connaître que pour les accabler à ses yeux. À dix-huit ans, il était gorgé des plus audacieux