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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

que vous connaissez les possédèrent et les ont exprimées avec des mots délicieux. Sachez donc que, n’étant pas neuf, vous paraissez encore sec, essoufflé, fiévreux qui donc pensez-vous charmer ?

– Mes pensées, mon âme, que m’importe ! Je sais en quelle estime tenir ces représentations imparfaites de mon moi, ces images fragmentaires et furtives où vous prétendez me juger. Moi qui suis la loi des choses, et par qui elles existent dans leurs différences et dans leur unité, pouvez-vous croire que je me confonde avec mon corps, avec mes pensées, avec mes actes, toutes vapeurs grossières qui s’élèvent de vos sens quand vous me regardez !

Il serait beau, dites-vous, d’être petit-fils d’une race qui commanda, et l’aïeul d’une lignée de penseurs ; — il serait beau que mon corps offrit l’opulence des magnifiques