Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
EXTASE

ô mon bien-aimé, ô moi, pour redevenir un dieu.

— Mon pauvre ami, que pensez-vous donc de jouer ainsi les jeunes dieux ! Hier vous parûtes encore un enfant ; vos reins s’étaient courbaturés pendant que vous interrogiez les contradictions des penseurs ; à l’aube, on vous a vu la peau fripée et dans les yeux de légères fibrilles rouges après des expériences sentimentales.

— Qu’importe mon corps ! Démence que d’interroger ce jouet ! Il n’est rien de commun entre ce produit médiocre de mes fournisseurs et mon âme où j’ai mis ma tendresse. Et quelque bévue où ce corps me compromette, c’est à lui d’en rougir devant moi.

— Mon pauvre ami, que pensez-vous donc ? Vos idées, votre âme enfin, cinquante