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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

de tentations délicates elle me soufflait les hardiesses qui domptent les hommes. Mais le soir, assis près d’elle et me rongeant l’esprit, je l’ai salie à la discuter. — Et il bâille devant cette fade et perpétuelle revenante, sa sentimentalité.

— Tu fus le précurseur, songe-t-il, tu me rendis attentif à ce fluide et profond univers qui s’étend derrière les minutes et les faits. Mais pourquoi plus longtemps nommer femme mon désir ? Je ne goûtai de plaisir par toi qu’à mes heures de bonne santé et d’irréflexion ; gaîté bien furtive puisqu’il n’en reste rien sur ces pages ! C’est quand tu m’abandonnais que je connus la faiblesse délicieuse de soupirer. Mon rêve solitaire fut fécond, il m’a donné la mollesse amoureuse et les larmes, D’ailleurs tu compares et tu envies, ainsi tu autorises les