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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

depuis les héroïsmes jusqu’aux émotions les plus viles, tandis qu’immobiles nous sommes convenables dans notre cravate blanche ; — les salons tièdes et fleuris, où, à cinq heures, nous causons finement avec trois dames et un monsieur, qui sourient et se regardent et nous admirent, tandis qu’avec aisance nous buvons une tasse de thé, et que, sans crainte, nous allongeons la jambe, ayant des chaussettes de soie très soignées ; — puis des rues plates et solitaires et sèches, où des voitures rapides nous emportent vers des affaires, dont il est amusant de débrouiller, avec une petite fièvre, la complexité.

Rumeur troublante sous ce ciel profond ! vie facile ! Là enfin, il se dessaisirait de s’épier sans trêve et toutefois, fréquentant mille sociétés différentes, il ne connaîtrait personne en quelque sorte ; il serait pour