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PARIS À VINGT ANS

vision ; ainsi son génie lui parut infini, et il s’enivrait d’être tel.

La réaction fut violente. À ces délices succéda la sécheresse. Tant de nobles aspirations anéanties lui parurent soudain convenues et froides. Et son cerveau anémié, ses nerfs surmenés s’affolèrent pour évoquer immédiatement, dans cet horizon piétiné comme un manège, quelque sentier où fleurît une ferveur nouvelle.

Il avait horreur de la monotone solitude de ses méditations, comme d’une débauche quand notre tête et les bougies vacillent au vent de l’aube. Une fraîche caresse et de distrayantes niaiseries l’eussent reposé. Mais son amie, enfoncée dans la brume finale du chapitre II, n’avait pas reparu. Aussi, las et désespéré de ne s’être plus rien de neuf, il détesta de vivre, parce qu’il ne savait pas